Pourquoi avoir voulu aligner le système de rémunération des gestionnaires sur celui des traders, alors que ce sont deux métiers très différents ?
IL y avait plusieurs raisons. D’abord la protection du consommateur doit être prise en compte. Ce système de bonus peut entraîner une prise de risques excessive, au détriment de la stabilité financière et de la protection des clients. Ensuite il fallait éviter toute possibilité de contournement, et assurer que les secteurs des banques et de la gestion d’actifs répondent aux mêmes règles. On peut réellement avoir des problèmes si les banques décident de transférer une partie de leurs portefeuilles vers des fonds pour éviter les règles qui s’appliquent à elles.
Cet encadrement des bonus pourrait entraîner une flambée du fixe, disent les critiques de cette mesure. Que répondez-vous ?
Il y a effectivement un danger que cela aboutisse à une augmentation de la rémunération fixe, mais il est très improbable que le transfert soit massif comme cela a été dit. L’élasticité n’est pas du tout complète en la matière. Quel investisseur rationnel convertirait tous les bonus dans un salaire fixe ? Cela n’a pas de sens.
Pensez vous que cette question du système de rémunération puisse revenir un jour sur la table ?
J’étais ouvert et pragmatique, et j’aurais été prêt à accepter des aménagements sur la question des bonus ou celle des commissions de performance. Cela n’a pas été possible, notamment à cause d’un fort lobbying de l’industrie. Mais cette question des revenus va nécessairement revenir, tôt ou tard. En juin, une commission du Parlement britannique a publié un rapport très offensif sur ces problèmes, preuve que ces idées se diffusent. Je n’ai jamais voulu interdire les bonus, seulement les limiter. Ceci dit, il y a quand même une question culturelle : pourquoi la finance serait le seul secteur de l’économie où il est nécessaire d’avoir une telle incitation financière pour obtenir des résultats ?
Renaud Honoré
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